RECHERCHEZ LE BIEN DE LA VILLE !

LE MOT DU PASTEUR - JUIN 2018

juin 2018

" Recherchez le bien de la ville, où je vous ai déportés, et intercédez auprès de l’Eternel en sa faveur, parce que
votre paix dépendra de la sienne "
Jérémie 29.7

Il y a quelques années, Daniel Balavoine chantait, par le paradoxe, le désespoir des zonards en arrivant en ville, leur violence et leur désir profond d’ètre heureux. L’arrivée des gens à Strasbourg crée des contrastes de toute sorte. Entre autres, attentes de ceux qui arrivent, et
vie de ceux qui y vivent. Fort heureusement pour nous la violence est limitée, et Strasbourg est perçue comme une ville de tourisme mais aussi de bien-vivre. En tant qu’habitant de Strasbourg, j’ai souvent le privilège de voir la gare centrale de Strasbourg déverser chaque jour des flots de personnes sur la ville. J’ai aussi un questionnement permanent face aux contrastes sociaux et économiques dans la ville. Elle est une source d’espoirs et de désillusions. Elle est le lieu d’une densité de populations et d’une grande proximité des relations, même si dans notre modernité, être près géographiquement ne signifie pas toujours une proximité relationnelle. On peut vivre une grande solitude au milieu d’une foule.

La ville, création des hommes, notamment dans la lignée de Caïn, est le lieu de forts développements, de richesses, d’accélération des possibles ; dans son côté négatif, elle est le lieu des arrogances et des assurances humaines qui finissent par se mettre en exclusion de Dieu. Pour nous chrétiens, il nous faut voir quelle est notre perception de la ville, de nos villes. Nous qui faisons partie de la Jérusalem céleste, nous devons déterminer une attitude de citoyenneté ici-bas, et le modèle de cette attitude reste pour nous Jérémie 29, où Dieu demande à son peuple déporté à Babylone (oui à Babylone !) de chercher le bien de la ville. Rechercher le bien de la ville, car leur paix dépendait de la paix de la ville.

Si longtemps après, nous devons nous poser une question régulièrement : quelle est mon attitude vis-à-vis de ma ville, ou de mon village ? Sommes-nous en train de prier pour notre lieu de vie, ses habitants, ses gouvernements ? Ou bien considérons-nous que la ville, agglomération ou institution est à intégrer dans notre zone d’indifférence ou de négligence ? Nous n’avons pas le choix, il nous faut rechercher le bien de la ville, et nous interroger sur le contenu de ce que nous appelons le bien. Si l’on peut comprendre que notre société ait bien des approches légitimes de ce qui est bien, et qu’elle doive faire une synthèse des attentes, nous devons aussi nous rappeler ce
que dit le psalmiste,  pour moi, m’approcher de Dieu, c’est mon bien .

Intégrons-nous à la fois les privilèges et les exigences de nos villes ? Les étudiants qui ont postulé par le Parcours Sup, se rendent bien compte des exigences de notre ville de Strasbourg. La ville dans sa densité, permet l’accélération des savoirs, des patrimoines, des activités. Elle permet aussi la densité des relations et la croissance en Eglise. La ville est pour nous une chance. Souvenons-nous que Jésus allait de ville en ville et de village en village. Villes, comme villages, habitants et responsables institutionnels ont besoin de notre amour, ont besoin que nous nous inscrivions dans la recherche de leur bien.

De Daniel Balavoine disant les désespoirs des zonards, à Daniel le prophète exilé à Babylone, nous pouvons nous enrichir d’une perception des besoins de la ville, et vivre ici en citoyens, tout en étant des citoyens de la cité céleste. Pensons-y : notre paix dépend de la paix de la ville. Ayons à cœur de porter nos voisins, nos passants, nos travailleurs et nos gouverneurs dans nos prières et dans nos actions.

 

Antoine Da Silva