QUESTION CRUCIALE

LE MOT DU PASTEUR - MARS 2018

Mars 2018

Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, sans tenir compte aux hommes de leurs fautes et il a mis en nous, la parole de la réconciliation.
2 Corinthiens 5.19

Nous cheminons vers Pâques, célébration de la résurrection de Christ, et de sa victoire sur la mort. Cependant, parler de Pâques sans parler du vendredi saint, ôterait une réelle compréhension de la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Pour bien mesurer le chemin de Christ vers la croix, autrefois l’Eglise parlait de période de Caréme. Une question centrale de l’Evangile peut nous aider à entrer dans une considération du Carême. Cette question a occupé une grande place dans la théologie chrétienne, et John Stott* l’a reprise dans son livre « la croix de Jésus-Christ », où il écrit ces mots :

Il ne s’agit pas de savoir pourquoi Dieu éprouverait de la difficulté à pardonner, mais plutôt comment il lui serait possible de pardonner. Comme l’écrit Emil Brunner, « le pardon est  précisément à l’opposé de tout ce qui peut ètre considéré comme acquis. Rien n’est moins évident que le pardon », ou comme l’exprime Carnegie Simpson : « le pardon est pour l’homme le plus impérieux des devoirs et pour Dieu le plus crucial des problèmes ».

Le problème du pardon est celui de l’inévitable choc entre la perfection divine et la rébellion humaine, entre Dieu tel qu’il est et nous tels que nous sommes. Ce n’est pas notre péché seul, ni notre culpabilité seule qui dressent un  bstacle au pardon, c’est aussi la réaction d’amour et de colère que Dieu adopte à l’égard des pécheurs coupables. Car s’il est vrai que « Dieu est amour », n’oublions jamais que son amour est « un amour saint », un amour qui lui inspire la grande compassion envers les pécheurs et en même temps la plus grande répulsion à l’égard de leur péché. Comment Dieu allait-il donc répondre aux exigences de son amour saint ? Comment satisfaire les souhaits de son amour, pardonner aux pêcheurs – sans étouffer les protestations de sa sainteté ? Et comment s’acquitter des impératifs de sa sainteté – en jugeant les pécheurs – sans frustrer son amour ?... Comment Dieu pouvait-il être à la fois un Dieu juste et un Dieu qui sauve ?

A ces questions cruciales, John Stott répond :

à la croix, Dieu, dans son amour saint, a subi lui-même en Christ la pleine mesure du châtiment mérité par notre désobéissance. Il a pris sur lui le jugement que nous méritons, pour nous faire bénéficier du pardon que nous ne méritions pas. La croix, est le lieu où s’expriment avec une égale force la miséricorde et la justice de Dieu, et aussi le lieu où elles se réconcilient à tout jamais. C’est là que le saint amour de Dieu trouve sa pleine satisfaction».

Que cette période de Carême soit pour nous, une occasion de relire les récits de la passion, et de méditer ce dilemme de la justice et de la miséricorde de Dieu qui est résolu en Jésus-Christ, fils de Dieu et fils de l’homme.

Antoine Da Silva

*John Robert Walmsley Stott (27 avril 1921–27 juillet 2011) était un théologien, évangéliste, essayiste et prêtre anglican. Il a, entre autre, été l’aumônier de la reine d'Angleterre de 1959 à 1991, année durant laquelle il a reçu le titre d’aumônier « extraordinaire » de la reine.