DEBUT DU CARÊME

LE MOT DU PASTEUR - MARS 2022

 mars 2022

« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis »...
Jean 15.13

Chères sœurs et chers frères, nous entrons en Carême, ce temps que notre calendrier chrétien nous offre pour tourner notre regard et notre cœur vers le salut de la Croix : Jésus a donné sa vie pour que vienne le royaume de Dieu pour nous tous. Il a préféré l’amour de Dieu à sa propre vie, et aimer Dieu, c’est d’abord aimer, choisir, vivre Son amour, Sa justice et Son pardon pour chacune et chacun des femmes et des hommes de notre monde. Jésus a été jusqu’au bout de cet amour de Dieu, jusqu’au pardon qu’il a encore donné sur la croix à ceux qui l’avaient crucifié !

« Père, pardonne-leur... ils ne savent pas ce qu’ils font »
Luc 23.34.

Ce pardon de Jésus sur la Croix est pour chacune et chacun de nous, le pardon total de toutes nos fautes et le don de Dieu d’une vie nouvelle avec Lui où le mal n’a plus le dernier mot sur notre vie.

Et en ce début de Carême, notre actualité est marquée par cette terrible guerre en Ukraine. Tant de violence, tant de souffrances, tant de morts et de blessés, tant de
destructions, tant d’innocents sur les routes de l’exode...
Pour quoi ? Pour quoi ? Pour le pouvoir. Pour ses propres intérêts. Pour imposer ses propres idées. Pour régner en maître : ni Dieu, ni maître. En tuant et en marchant sur la vie et la liberté des autres...

Quel parallèle avec Pâques, avec Jésus arrêté, jugé, humilié, maltraité, battu, tué... pour son amour et son pardon donné au nom de l’amour et du pardon du Dieu Vivant !

« Ils crièrent : crucifie, crucifie-le ! »
Luc 23.21.

La mort de l’innocent, de celui qui n’est qu’amour et pardon ! Quel échec de l’être humain à être un être humain au milieu et parmi les autres êtres humains.

Jésus mort en croix, pour nous ! Pour nous chrétiens, quel regard porter sur cette guerre qui tue les ukrainiens ? Que faire face à la guerre ? Face à celui, armé, qui veut prendre notre terre, notre maison, la vie de nos enfants et de nos parents, notre liberté, notre vie ? Que faire ? Prendre les armes ? Ou, par refus de répondre à la violence par la violence, laisser notre pays, la vie de nos proches, notre vie aux méchants ? Quelle question difficile et terrible !!!

Que ferait Jésus ? Que dirait Jésus devant le drame ukrainien ? C’est la question pour les chrétiens depuis 2000 ans... Jésus a dit à Pierre :

« Remets ton épée à sa place ; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée. »
Mt 26.52.

Jésus a dit : « Si quelqu’un veut prendre ta chemise, laisse-lui encore ton manteau »
Mt 5.40

Jésus a dit : « celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la sauvera »
Luc 9.24.

Jésus n’a pas cherché à échapper à la mort, il a même choisi librement de la donner pour donner sa chance à la vie, au pardon qui seul peut changer le cœur du méchant et le ramener vers Dieu.

Des chrétiens ont choisi ce chemin radical de non-violence, au risque d’y perdre eux-mêmes et leur famille, la vie, comme les Amish d’Amérique, ou saint Cyprien, mort persécuté par les romains en 258, qui disait : « il n’est pas permis aux chrétiens de tuer, ils doivent plutôt se laisser tuer. »...
D’un autre côté, il y a le pasteur Dietrich Bonhoeffer qui, bien que non-violent, en arrive à soutenir la nécessité de tuer Hitler pour arrêter la folie meurtrière du tyran... Quel dilemme ! Un mouvement chrétien le MIR (Mouvement International pour la Réconciliation) s’est saisi de cette question si difficile après la guerre de 1914 et de réfléchir à une façon chrétienne de répondre aux violences de ce monde.

Ils ont interpelé ces jours le patriarche orthodoxe Kyrill de Moscou au sujet de la guerre en Ukraine, l’exhortant à prendre position pour la paix.

Reste pour nous le chemin de Jésus, le chemin de Sa Pâque, le chemin de la Croix et du Salut : aucune violence d’aucune sorte contre une sœur, un frère ne peut jamais conduire au royaume de Dieu, à la justice et à la paix de l’amour de Dieu. Et comme Jésus, nous devons au cœur de notre vie nous dessaisir de toute volonté en nous de domination et de pouvoir sur nos prochains et la vie de nos prochains. Non seulement renoncer à l’idée de tuer comme le dit Jésus, mais même à celle d’insulter, de mépriser, de diminuer notre prochain. Au contraire, apprendre à le regarder comme plus grand que nous-même, et méritant que je le serve. C’est là le seul chemin du royaume de Dieu.

En cette dramatique actualité, je prie pour la vie des Ukrainiens, pour la conversion des dirigeants russes, pour que Dieu leur donne et nous donne Sa paix.

Je vous souhaite un bon chemin vers Pâques, avec cette certitude : à Pâques, Dieu a déjà eu le dernier mot sur tout mal et toute mort, Son royaume est en marche pour chacune et chacun de nous au milieu des ténèbres du monde.

Pierre-Emmanuel Panis, Pasteur